Admirée par les féministes telles Nora Ephron et Lena Dunham, considérée comme une influence majeure par Bret Easton Ellis, Jay McInerney et Donna Tartt pour son roman Maria avec et sans rien (Robert Laffont, 2007), Joan Didion aura chroniqué l’histoire de l’Amérique contemporaine avec lucidité et désenchantement durant cinq décennies. Elle est morte jeudi 23 décembre à New York, à l’âge de 87 ans, ont annoncé ses maisons d’édition, citées par le New York Times et l’agence Associated Press.
Joan Didion est née le 5 décembre 1934 à Sacramento (Californie). Elle a 4 ans lorsque sa mère l’emmène consulter un pédiatre pour qu’elle arrête de hurler. Celui-ci conseille de lui trouver un moyen d’expression. Jeune lectrice, elle commence donc à écrire. Durant la seconde guerre mondiale, elle est déscolarisée car son père, trop âgé pour le service actif dans l’armée de l’air, occupe des postes administratifs dans diverses bases militaires. Tous ces déplacements auront une énorme influence sur elle. Déjà timide, elle se sent perpétuellement étrangère.
Premier roman
Diplômée de l’Université de Berkeley (San Francisco), Joan Didion remporte, à 21 ans, un concours d’écriture. En guise de récompense, elle obtient, comme la poète Sylvia Plath auparavant, un poste au magazine Vogue. Elle publie son premier roman en 1963 (Une saison de nuits, Grasset, 2014). C’est à New York qu’elle rencontre l’écrivain et essayiste John Gregory Dunne, qui collabore au Time. Ils se marient et forment un couple en vue, aussi complices que fusionnels. Ensemble, ils collaboreront à plusieurs scénarios : Panique à Needle Park (1971), Une étoile est née (1976), Sanglantes confessions (1981), inspiré de l’affaire du « Dahlia noir », et Personnel et confidentiel (1996).
Tous deux décident d’emménager à Los Angeles en 1964. Chez eux, ils reçoivent Janis Joplin, Roman Polanski, Warren Beatty, Steven Spielberg ou Brian de Palma. A l’époque, Joan Didion conduit une Corvette jaune et dispose d’une valise toujours prête pour partir en reportage. Elle collabore à divers magazines (The Saturday Evening Post, Life, Esquire, The New York Times, New York Review of Books, etc.), rencontre Joan Baez ou John Wayne sur le tournage des Quatre fils de Katie Elder.
Au printemps 1968, elle est dans le studio de Sunset Boulevard où les Doors enregistrent un album. « La musique des Doors affirmait que l’amour, c’était le sexe, et que le sexe était la mort, et que c’était là que se trouvait le salut. » Joan Didion traîne également avec les fugueurs et les toxicos du quartier de Haight-Ashbury. Elle visite en prison le militant noir Huey P. Newton, leader des Black Panthers, accusé d’avoir tué un policier blanc et se rend sur le campus du San Francisco State College où les policiers répriment la contestation révolutionnaire.
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