Nouveau changement de règles pour les consommateurs. Ils ne pourront plus se rendre dans les grands centres commerciaux pour autre chose que des courses alimentaires. « A compter de ce dimanche, les centres commerciaux non alimentaires d’une surface de plus de 20 000 mètres carrés, ceux qui favorisent le plus le brassage, seront fermés, a annoncé, vendredi 29 janvier, le premier ministre, Jean Castex. Et dès lundi, des jauges seront renforcées pour toutes les grandes surfaces ». Sans préciser de quelle ampleur, ni jusqu’à quand ces grands ensembles commerciaux seront fermés.
« Affligé » vendredi soir juste après ces déclarations, Jacques Ehrmann, président du Conseil national des centres commerciaux (CNCC) et directeur général chez Altarea Cogedim, dénonce « une mesure gadget ». « On est instrumentalisés », lâche-t-il. M. Ehrmann se dit surtout « découragé après avoir passé des heures à expliquer au gouvernement que les centres commerciaux de plus de 20 000 mètres carrés sont les mieux équipés en moyens techniques pour faire respecter les jauges. On était même prêts à passer à 1 client tous les 16 mètres carrés contre 1 pour 8 m2 actuellement, et à accepter la fermeture immédiate de tout centre qui serait pris en défaut de ne pas respecter les règles ».
Sur les 835 centres commerciaux que compte la France, la moitié a une surface supérieure à 20 000 m², précise le CNCC. « Souvent l’hypermarché fait déjà 10 000 mètres carrés, explique M. Ehrmann. Et qu’est-ce qui relève de l’alimentaire ? Un chocolatier ? Un caviste ? C’est une réédition de cette plaisanterie des produits essentiels et non essentiels. Nous déciderons peut-être de fermer certains centres car cela coûte extrêmement cher en personnel, en vigiles et en nettoyage de n’en ouvrir que la moitié. » Sa seule consolation : le fait que « février est le mois le plus faible de l’année en fréquentation et en chiffre d’affaires ». Il représente la moitié de l’activité moyenne sur un mois, quand novembre et décembre comptent double.
« Aucune concertation préalable »
Une annonce toute aussi abrupte pour Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce. « Des salariés qui apprennent ce soir, en plein milieu de la période des soldes, que leur magasin sera fermé à partir de dimanche, et sans savoir combien de temps cela va durer », lance-t-il, néanmoins « soulagé de l’absence d’un confinement généralisé ».
Entre 300 000 et 400 000 salariés devraient être touchés, évalue Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos, fédération qui rassemble plus de 300 enseignes. Il s’inquiète de l’absence de visibilité, « quand on voit qu’aux restaurants et aux salles de sport, on a dit un jour qu’ils fermaient et qu’ils n’ont pas rouvert depuis ».
L’hypothèse d’une fermeture des centres commerciaux de plus de 20 000 m² avait surgi comme une rumeur chez les professionnels depuis jeudi, sans qu’ils en aient été consultés par Bercy, comme c’est habituellement le cas. Le CNCC « s’indigne d’une décision qui n’a fait l’objet d’aucune concertation préalable, annoncée avec une prise d’effet dans un délai de 48 heures et très imprécise quant à son périmètre d’application », indique la fédération dans un communiqué.
« Cela va rouvrir le dossier très compliqué des loyers entre bailleurs et commerçants », avertit M. Petiot. « Il faudra que l’Etat compense une partie du préjudice subi en relevant les plafonds des aides », estime M. Le Roch.
Un sujet qui devait être évoqué au cours de la réunion téléphonique prévue samedi 30 janvier à midi entre les acteurs de la grande distribution, du commerce et les représentants des organisations professionnelles et le ministre de l’économie, Bruno Le Maire.
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